Le Château de l'Aunay ou de la Grand'Maison.

Le château de l'Aunay ou de la Grand' Maison est un manoir des XVème et XVIème siècles qui atteste de la perfection de l'architecture rurale dans notre région à l'époque de la Renaissance. Elégant corps de logis exposé au midi, flanqué de deux tourelles d'angle aux toits en poivrière; toiture ornée de belles lucarnes à frontons triangulaires; belles douves bordées de saules où des cygnes font resplendir leur blancheur au soleil.

 

chateau-l'aunay-1

 

 chateau-l'aunay-2

 

L'enlèvement de Gabrielle D'Harcourt.

Le propriétaire en était Pierre DE BERNAY, juriste et homme de confiance de Charles DE COUESMES, seigneur de Lucé, combattant de Ravenne et de Marignan. Ce dernier fut, hélas, un soudard débauché et sans scrupule; il était l'époux de Jeanne D'HARCOURT, fille des châtelains de Bonnétable; celle-ci qui n'était âgée que de seize ans mourut de la peste lors de la Toussaint de 1523; nous pouvons admirer son image dans le grand vitrail de la Crucifixion en l'église de Torcé. Sa jeune sœur Gabrielle, espiègle et hardie, n'avait eu aucun mal à se faire remarquer de son beau-frère; avec la complicité de Pierre DE BERNAY et de quelques servantes, elle résolut de jouer l'aventure d'un enlèvement, épisode mouvementé qui anime de façon à la fois romanesque et burlesque la chronique de notre village.

 

chateau-l'aunay-3

 

Le jour des Innocents (28 décembre 1523) Charles DE COUESMES, à la tête d'une petite troupe, vint à Bonnétable où Gabrielle l'attendait avec deux de ses servantes. Ce fut l'affaire d'un instant pour ces cavaliers de prendre les donzelles en croupe sur leurs chevaux et se lancer sur le chemin de Lombron pour gagner le manoir de l'Aunay où les attendait Pierre DE BERNAY, mais, où les rejoignit Madame D'HARCOURT avertie de la fugue de sa fille et furieuse. Celle-ci et son gendre s'injurièrent et échangèrent des horions. Finalement les fugitifs se retrouvèrent à Challes où un prêtre complaisant leur administra le mariage sans aucune formalité. Cinq jours plus tard, sur la plainte de Madame D'HARCOURT, "François par la grâce de Dieu, Roi de France, ayant très grand déplaisir icelluy rapt et inceste, ordonnait que ladite fille fût remise ès mains de sa-dite mère et que fussent pris au corps ledit DE COUESMES et ses complices".

 

chateau l'aunay 4

 

Tous s'étaient enfuis à Metz, terre d'Empire où le connétable DE BOURBON, traître à son roi, leur offrit l'hospitalité. En Mars, Charles DE COUESMES et ses complices étaient condamnés à avoir la tête tranchée. Mais ils étaient loin; seule Gabrielle, facilement interceptée fut ramenée entre les mains de sa mère et astreinte à la réclusion au couvent de la Délivrande en Normandie. Cependant en 1525, après le désastre de Pavie, Louise DE SAVOIE, mère de François Ier et régente, qui ne pouvait guère se passer des services d'un rude soldat tel que Charles DE COUESMES lui accordait des lettres de rémission; il put ainsi rentrer dans le Maine et faire valider son mariage avec Gabrielle, le pape Clément VII leur ayant accordé les dispenses nécessaires. Aujourd'hui, le château est la propriété de Madame et Monsieur Mac Kee (www.chateaudelaunay.com).