L'église Saint Martin
Placée sous le vocable de Saint-Martin, le grand apôtre des Gaules à la fin du XVème siècle, notre église de Lombron est un édifice d'architecture romane du XIIème, époque où notre province du Maine appartenait aux rois Plantagenêts. Cependant l'aspect de la maçonnerie du soubassement du transept, en petit appareil lié par un mortier rose, et surtout la pierre en forme de silhouette humaine, encastrée dans le contrefort sud de l'abside, que nos anciens désignent toujours comme figurant Saint-Martin, permettraient d'attribuer à notre église des fondations plus anciennes, peut-être dès l'origine du christianisme dans notre province.
Bien orientée, approximativement nord-sud, elle a la forme d'une croix latine. La partie la plus ancienne, le chœur, se compose d'une abside en cul de four large de 5 mètres sur une profondeur de 4.80m. Le jour y pénètre par trois fenêtres dont l'une, celle du fond, a été très dangereusement élargie au XIXème siècle. On y a placé après 1871 un vitrail représentant Saint-Martin, composé et peint par l'abbé PHILBERT, parent du curé d'alors. Ces trois fenêtres sont encadrées par une archivolte qui se raccorde au bandeau de pierre décoré de petits modillons qui court tout autour de l'abside. Sur le côté droit de l'abside on peut voir une fenêtre murée qui servait au XVIème à éclairer le pupitre du chantre; elle était surmontée d'un clocheton recouvert d'ardoises dont il ne reste plus trace.
Pendant l'accalmie qui suivit la guerre de Cent ans et qui correspond aux règnes de Louis XI et Charles VIII, le village de Lombron se repeupla aux dépens de Bresteau abandonné par ses seigneurs. La nef de l'église fut agrandie telle que nous la connaissons aujourd'hui; on abattit les murs de l'édifice primitif pour les reconstruire de façon à élargir la façade d'environ un mètre de chaque côté La nef actuelle mesure 16,80m de long et 9m de large; elle est éclairée par six fenêtres romanes qui furent restaurées, celles de gauche au XVIIème siècle, celles de droite au XIXème. Un ballet, petit préau de bois, précédait la façade.
Le clocher, élevé sur le carré du transept, comporte une tour carrée et un toit d'ardoise, pyramidal, surmonté d'une belle aiguille épannelée. Des chapelles furent érigées dans les côtés du transept; celle de droite, dans le croisillon ouest, était la chapelle seigneuriale, celle où se tenait le seigneur de Bresteau et les gens de sa maison; d'abord dédiée à Sainte-Catherine, elle le fut ensuite à Sainte-Barbe.
Deux curés de cette époque ont leurs épitaphes encastrées dans le mur : Jehan DUPIN, donateur de la terre du Haut Coutil, mort le 17 octobre 1409 et Gervais LE VERRIER, donateur de la maison presbytérale, décédé le 22 août 1513. En 1516, le seigneur de Bresteau fit refaire le pignon de la chapelle et ouvrir la belle fenêtre ogivale que Mathurin RAHET adorna d'un vitrail encore heureusement conservé.
Dans cette chapelle on voit aussi l'ancien banc seigneurial du XVIème siècle avec dossier aux armes des LAVAL-BOISDAUPHIN auxquels appartenait le patronage de la paroisse de Lombron depuis le mariage de Jean DE LAVAL, seigneur de Boisdauphin avec Renée de SAINT-MARS unique héritière du dernier seigneur de Bresteau. Ce banc a été classé monument historique par arrêté ministériel du 14 novembre 1905.
A gauche, dans le croisillon est, la chapelle de Lauresse, dont les châtelains voyaient croître leur puissance, fut d'abord dédiée à Notre-Dame de Pitié, plus tard au Sacré Cœur; voûtée entre 1450 et 1460 dans le style flamboyant elle porte à sa clef de voûte les armoiries des Taillement. L'autel porte aussi les blasons de Jacques TAILLEMENT et de Jacquette LECORNU son épouse, sire et dame de Lauresse dans la deuxième moitié du XVème siècle.
C'est aussi à l'époque de la Renaissance que le Christ en croix, sur la poutre de gloire, fut commandé à Jehan MARAYS, "ymaigier" résidant au Mans rue Saint-Vincent en 1546. On devait lui conduire jusqu'en sa demeure deux noyers dans lequel il tailla la statue du Christ, mais aussi celle de la Sainte Vierge et de Saint Jean, aujourd'hui disparues. En 1565, un autre "ymaigier" sculpta une statue de Saint-Martin, patron de la paroisse, et une de Saint-Sébastien, grand protecteur de la peste.
Banc seigneurial du XVIe siècle aux armes des Montmorency-Laval-Boisdauphin.
Lorsqu'elle mourut à Paris le 24 novembre 1678, son cœur fut rapporté à Lombron dans une urne en plomb et déposé devant une niche ménagée dans le pignon de la chapelle de Lauresse. au-devant de cette niche, on voit encore une plaque de cuivre en forme de cœur perpétuant le souvenir de cette "haute et puissante dame".
Au cours des XVIIème et XVIIIème siècles, divers travaux furent entrepris dans l'église : en 1609, le lambrissage de la voûte de la nef par Gervais HOUDEBERT, menuisier. En 1656, la construction de la sacristie par François CHOLLET.
En 1660, l'ouverture de la petit porte sur le cimetière, aussi par les CHOLLET, maçons. En 1665, 1669, 1688, Jacques BELLAIR et Jean MAILLET, couvreurs furent chargés de l'entretien de la toiture et de la réfection du clocher. En 1682, de nouvelles fenêtres éclairent la nef.
Les dernier curés de l'ancien régime qui résidaient évidemment au presbytère furent messieurs Jean MILLET (1686-1710), Jean LANGOISSEUX (1710-1752) et François LEMARECHAL (1752-1792). On peut dire que l'église à la veille de la Révolution était l'œuvre de ce dernier, après les importants travaux qu'il y avait fait exécuter.
En 1760, un autel à la romaine en marbre de Sablé, est édifié par François LECOMTE, tailleur de pierre à Connerré et Joseph LEBRUN, sculpteur au Mans, pose dans le chœur le bas-relief polychrome représentant l'apothéose de Saint-Martin (aujourd'hui dérobé aux regards sur la paroi gauche de l'abside). En 1764, Gabriel TISON, menuisier au Pont-de-Gennes pose dans le chœur les stalles de chêne et dans la nef les bancs où figurent les noms des paroissiens; il exécute aussi deux confessionnaux. Enfin en 1774, tandis que le serrurier REFAY installe la belle table de communion en fer forgé que nous connaissons toujours, Joseph LEBRUN est à nouveau sollicité pour la chapelle Sainte-Barbe où il moule le sacrifice d'Isaac au-dessus de l'autel (aujourd'hui sur la paroi droite de l'abside).
Au XIXème siècle, l'intérieur de l'église fut littéralement défiguré par le curé Alfred MILET (1872-1884). Un autel de sapin, staff et verroterie vint remplacer l'autel de marbre qui, dépecé servit à meubler les deux chapelles du transept; le retable XVIIIème de la chapelle de Lauresse étant à son tour sectionné pour servir à la composition de deux autels placés à la partie supérieure de la nef. De nombreux pots de peinture prêtèrent un instant l'éclat du neuf aux plafonds, murs et statues, il y a plus de cent ans de cela.
Les nouveaux vitraux.
Saint Martin
Saint Michel
Saint Jean-Baptiste